La lettre de veille de janvier 2025: vers toujours plus d’accès libre ?
Alors que selon la nouvelle édition du Baromètre de la Science Ouverte (BSO) 67 % des 160 000 publications scientifiques françaises parues en 2023 sont en accès ouvert en décembre 2024, les indicateurs pour l’Université de Lorraine affichent 71.8% (70.6% pour 2022), ceux de l’Université de Rennes caracolent avec 82 % au 30 janvier 2025, soit 15 points au-dessus de la moyenne nationale. Ces chiffres montrent une progression stable vers plus d’ouverture des productions scientifiques, ces scores restant cependant à améliorer pour tendre vers 100% d’accès ouvert …
Le 30 janvier, Zoé Ancion, responsable du pôle Science ouverte à la Direction de la stratégie numérique et des données de l’ANR, revenait sur les enjeux de la science ouverte dans l’écosystème de la recherche et les initiatives comme l’European Diamond Capacity Hub (EDCH), lancé le 15 janvier dernier à Madrid. Soutenu financièrement par l’ANR et le CNRS et par la Commission Européenne, dans le cadre des projets CRAFT-OA et DIAMAS, l’EDCH doit renforcer en Europe la communauté du Libre Accès Diamant, avec pour objectif de soutenir l’ensemble des parties prenantes (institutions, éditeurs, fournisseurs de services) en leur apportant une coordination ainsi que des solutions techniques et opérationnelles, en cohérence avec le Plan d’Action pour le libre-accès Diamant. Une première suite d’outils a été mise à disposition et devrait s’enrichir. Autre initiative annoncée à Madrid, la signature par des agences de financement et d’organismes de recherche d’une lettre d’intention en soutien à la plateforme de publication Open Research Europe (ORE), basée sur une évaluation ouverte par les pairs.
Pour Zoé Ancion, les défis sont encore nombreux avant de faire de la science ouverte une pratique par défaut et pense qu’une évolution de l’évaluation de la recherche avec la reconnaissance de tous les produits de la recherche constituerait un levier pour mieux valoriser ces pratiques.
Déposé dans Zenodo le 15 janvier, un guide UKB (en anglais) rédigé pour les éditeurs de revues qui souhaitent passer à un modèle de publication Diamond Open Access. Il donne une vue d’ensemble des étapes à franchir pour passer au libre accès Diamant, des voies possibles (abonnement au libre accès, presses universitaires, plateformes d’édition et édition autonome) et des coûts et possibilités de financement de la revue dans le cadre du nouveau modèle.
Le 13 janvier, un billet du blog de l’institut Pasteur revient sur le modèle de l’Amérique latine, leader dans le domaine des revues Open Access à but non lucratif : “les plateformes latino-américaines pourraient donc constituer un modèle pour le reste du monde et notamment pour les acteurs de la recherche européenne qui cherchent à promouvoir le modèle diamant.”
SPARC Europe (Coalition européenne de l’édition savante et des ressources académiques) a publié, le 21 janvier 2025, sa stratégie pour les quatre prochaines années, avec pour objectif de soutenir les politiques et pratiques de science, de recherche et d’éducation ouvertes en Europe : “Making Open the default”
Le Directory of Open Access Journals (DOAJ) a annoncé de son côté le 8 janvier des évolutions : il va développer de nouveaux indicateurs et labels pour valoriser les revues en accès ouvert. Dans ce contexte, le Sceau DOAJ sera retiré fin mars 2025 et ne sera plus visible sur le site du DOAJ, ni dans les métadonnées des revues. Si le Sceau, introduit en 2014, a en effet permis de valoriser les bonnes pratiques en matière d’accès ouvert pour les revues, le DOAJ a considéré qu’il induisait une représentation inégale des revues et générait indirectement des effets de classement.
Début février, France Culture expliquait dans son émission “Le Journal de l’éco” le juteux business des publications scientifiques , avec notamment l’arrivée de nouvelles revues prédatrices, le “côté obscur” de l’Open Access, qui exploitent le principe du libre accès :
Et oui, la question de l’édition prédatrice préoccupe de plus en plus la communauté universitaire. Les revues ne sont pas si simple à identifier formellement comme prédatrices, comme le constataient les auteurs d’un article de 2023, mais pour nous aider le site Predatory publishing a mis en ligne une liste, inspirée de celle de Jeffrey Beall, développée au fur et à mesure par les allégations de chercheurs du monde entier.
Le 16 janvier était mis en ligne l’enregistrement des 4es Journées REPÈRES (novembre 2023), le réseau des pépinières de revues scientifiques en accès ouvert, qui portaient sur la question des relations entre les différents acteurs de l’écosystème de l’édition scientifique diamant.
“Pour l’ensemble de l’écosystème de la recherche l’ambition est à la mesure de l’enjeu : contribuer à faire de la connaissance un bien commun, accessible à toutes et tous”concluait Zoé Ancion …
Et le reste de l’actualité :
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Laurence Bizien (10 février 2025). La lettre de veille de janvier 2025: vers toujours plus d’accès libre ? Lab & doc. Consulté le 23 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13aii